WILLIAM ANTHONY COLON.
(Bronx Nueva York, 28 avril 1950). endant son adolescence, il fait de bandes juvéniles. A l'âge de 11 ans il est le leader de l'une d'elles. Sa grand-mère, inquiète pour lui à cause de ce genre de vie, l'inscrit aux boy-scouts et lui fait cadeau d'un jouet musical: une trompette. La carrière musicale de Willie ne commence pas très bien, car, par deux fois, il est refusé comme trompettiste de la bande de l'école; alors il change d'instrument et, en attendant le poste convoité, il joue de la clarinette.
Il baptisa son premier groupe du nom: Les Dandies. Ils jouaient dans les rues et faisaient la quête. Il quitte l'école et fonde, à l'âge de 14 ans, une bande musicale La Dynamique, dans l'intention de la transformer en orchestre. La découverte de le musique de Mon Rivera et de ses trombones transforma le jeune Willie: l'année suivante, il laissa la trompette pour le trombone. Pour ses premiers travaux, il dut se maquiller une moustache pour pouvoir monter sur scène. En 1966, il vendait des disques pour la marque Alegre; celle-ci fit faillite et passa à la compagnie Fania.
Willie, convaincu des possibilités de son groupe, insista énormément auprès du propriétaire, jerry Massucci, pour lui faire écouter sa musique. Ce dernier, après lui avoir prêté une oreille déclare. "L'orchestre n'est pas mal, mais le chanteur non". WiIlie se mit à chercher et trouva Héctor Pérez, arrivé récemment de Porto Rico, qui n'avait pas une grande confiance dans ce petit jeune. Colon, qui n'était pas disposé à laisser échapper cette occasion d'enregistrer, proposa une solution qu'Héctor ne pouvait pas refuser:
-"Tu enregistres le 33 tours avec nous et après tu pars".
Héctor choisit le nom de Lavoe et enregistrera avec le tromboniste quatorze 33 tours.
Le groupe fit une musique aux sonorités aussi sales que les rues qu'ils parcouraient. Pour la plupart des musiciens de l'époque, ces sonorités étaient comme une gifle. Nombreux étaient ceux qui pensaient que c'était la pire musique qu'ils avaient entendue de toute leur vie. Willie Colon fit un bastion de ses carences et donna à son disque le titre de "EL MALO" (Le truand).
Quien se Ilama el malo
no bay ni discusiôn
el malo de aqui soy yo
porque tengo corazôn.
Les trombones rugissent, aigres et insolents. La voix d'Héctor Lavoe transmet le langage et les manières des jeunes inconformistes, il chante le montuno et Elliot Romero et le vieux Yayo El Indio répètent un refrain orgueilleux:
Ecbate p'allà
Que tu no estas en nà.
Colôn est arrivé avec son attitude provocatrice et il obtient le même effet que le punk face à l'habileté instrumentale des autres. D'autre part, il s'agit d'une époque confuse, 1967, où le boogaloo a un énorme succès. Pour son deuxième disque, "THE HUSTLER" en 1968, on voit Willie jouant au billar, entouré de ses musiciens. La composition qui donne son titre au disque est une descarga où brillent les timbales de Nick Marrero. Le pianiste est Mark Dimond (rebaptisé Markolino). On voit une certaine amélioration dans "Qué lio" (Quelle histoire!) (composé par joe Cuba, Willie et Héctor). Lavoe montre des qualités évidentes de grand chanteur de son et la couverture de la pochette du disque lui attribue une mention spéciale. Le style du groupe a éveillé une grande curiosité au Barrio et on attend ses messages ainsi qu'une prise de position face à la mode du boogaloo. Cependant, le guaguancô. "El mundo se va a a acabar" (La fin du monde est proche) montre dans son introduction de percussions le mépris pour le grand boom de la psychédélie. Comme le dit la chanson,
Avec tant d'hippies poilus, les filles en mini-jupes ne veulentplusprendre de bain. Définitivement, le monde latin méprise la mode qui envahit l'univers anglo-saxon. Colon s'identifie avec ce petit morceau de New York qui marche au rythme des pays chauds. Les arrangements tendent vers ce qui plus tard s'appellera salsa et Héctor démarre ses improvisations directement à partir du montuno, avec un refrain qui proclame: La fin du monde estproche.
Le boogaloo s'enregistrait encore en 1968, mais la tendance, après l'overdose de 1967, se dirigeait plutôt vers les descargas. "Eso se baila asi" (Ça se danse comme ça) est un boogaloo où apparaissent des personnages très connus en Espagne:Gaby, Fofo et Miliki, les clownsde la télévision, qui faisaient à l'époque un programme de télévision à New York, pour une chaîne de langue espagnole. La chanson en parle comme Les vingt odeurs.
Sur la couverture de "GUISANDO, DOING A JOB", on voit Willie en compagnie d'Héctor. Ils sont tous les deux habillés en gangsters autour d'un coffre-fort. Les chansons rappellent des histoires vécues:
Se,fiores vqy a contarlesllo que lepasô a Vicente él era un cartetistaly le robaba a toda la gente pero un dia metiô la manoladentro de na cariera y en vez de encontrar dinerolencontrô na ratonera. Il y a toujours la même envie de parler du Ba@o, ici il n'y a pas de morale: le choc avec la police est inévitable:
boy te cogiô la policia y ma a a eljuez.
La face B commence par "I wish 1 had a watermelon"; les instruments ont des résonnances de jazz (Hancock d'abord puis Mongo Santamaria avaient enregistré des titres et des harmonies similaires).
LES PRECEDENTS DE LA ""SALSA",
"'COSA NOSTRA"
La drogue est entrée au "Barrio" et avec elle, la pression policière:
Te lo dije Markolino que t vieras m(is cuidao lajara te anda buscando, tu estàsfiisao siempre andando con bolitas, un dia te iban a agarrar te Io dije Markolino que tuvieras màs c idado siempre con el mismo cu to, nunca q ieres trabajar te lo dijefumancbti
esconde elpapel de bamb ("Te estàn buscando).
En cherchant sur les pochettes de disques un peu canailles, on ne voit pas Héctor ( sauf sur "COSA NOSTRA") (1969) où c'est peut-être lui qui appar@it enroulé dans un tapis, une grosse pierre attachée au pied). Pourtant, curieusement, cette époque est l'une des meilleures de Lavoe. Une composition éternelle de Willie apparait alors, "Che che colé". Une ballade-boléro "Ausencia" semble annoncer un chemin commercial vers la musique légère, mais on ne peut plus arrêter les deux musiciens : les trombones de Willie lancent un des "montunos" les plus glorieux du chanteur. L'amélioration des conditions techniques se fait sentir dans toutes les chansons . Héctor est impeccable: "Sangrigorda", 'Juana Peiàa", "Tù no puedes conmigo", "Te conozco" et "No me Ilores màs".
LA CONSPIRATION
En 1970, Willie produit le premier disque du groupe d'Ernie Agosto "LA CONSPIRATION D'ERNIE". La pochette est significative: deux hommes et deux femmes en train de préparer un attentat avec un magnétophone. Rondôn explique: "Avec du retard, la chronique de la salsa parlait du monde et de l'expérience des Young Lords". Les Young Lords furent la réponse latine aux Black Panthers (Panthères Noires). Des slogans révolutionnaires comme La jeunesse menace la société établie (establisment), ou J'ai le pouvoir, le pouvoir de vaincre sont introduits dans les paroles des chansons. La participation du vieux musicien Miguel Quintana redonne au groupe la bonne vieille saveur cubaine. Les phrases de la couverture du disque, écrites par Colôn, sont une salade incompréhensible qui terminent par une menace: "Sache que l'un de mes gars te surveille en ce moment, alors si tu ne sors pas de ce magasin avec ce disque à la main, il va te casser les deux jambes". En 1972, le groupe est à nouveau produit par Willie. Les paroles qui proclament la révolution se sont diluées peu à peu. Ils récupèrent et adaptent "Sangre son colorà" de Miguelito Valdés mais sans autant de génie.
ON RECHERCHE MUSICIEN DANGEREUX ARME D'UN TROMDONE
La couverture de la pochette de "THE BIG BREAK. LA GRANDE ESCAPADE" (1970), oeuvre de l'habituel izzy Sanabria place Willie Colon au point de mire du FBI. Les textes qui accompagnent On recherche expliquent: "armé d'un trombone et considérablement dangereux, Willie Colon a été vu pour la dernière fois à New York. Il est accompagné habituellement par Héctor Lavoe, de métier chanteur, type dont la voix est également très dangereuse". Les épigraphes ctiminal record (disque criminel) et caution (attention) insistaient sur un passé plein de grandes actions, parlaient d'un rythme excitant et... "capable de faire du vacarme et de faire danser les gens immédiatement". Le ton ironique redouble encore: "Si vous ne voulez pas vous retrouver avec un trou à vos chaussures, ne laissez pas, je répète, ne laissez pas, Héctor Lavoe, vous tendres idiots avec ses manières suaves de chanter. Si vous le rencontrez, lui et sa bande, ne venez pas nous le dire.
Allez là où ils sont et amusez-vous. Signé: J. Edgar Gonzalez. Directeur FBI (Freaks Bureau of investigations, FBI, Bronx, New York).
La provocation, un peu naive, atteint son objectif: le groupe va présenter son disque à Porto Rico et ils tapissent les murs de San juan avec l'affiche "On recherche". immédiatement, les citoyens diligents localisent Willie et son groupe dans un hôtel du centre de la ville et les téléphones de FBI (cette fois, la police) se bloquent. "En fait -explique Colon- nous avons eu des problèmes avec le véritable FBI et on nous a fait retirer la couverture du disque".
Le groupe se compose de Milton Cardona, congas; Luie Romero, timbales; José Mangual, bongo; joe Torres, piano; Santi Gonzalez, basse; Willie Campbell, deuxième trombone et les deux grands protagonistes: Lavoe et Colon. Comme chanson remarquable, à noter: "Barrunto".
1971: NAISSANCE DE LA SALSA ET LES ASSAUTS DE NOEL
Entre 1971 et 1973, années de publication des assa ts de Noël, se produit le grand démarrage commercial de la salsa avec, en même temps le lancement au rang de vedette d'Héctor et Willie. En 1971, ils participent tous les deux aux concerts du Chetah, un club minuscule qui consacre les vedettes de Fania comme les principaux représentants de ce que tout le monde nomme à présent la salsa.
Héctor deviendra un assidu des réunions de la Fania All Stars. Willie sera présent aussi comme joueur de trombone. Pour le premier "ASSAUT DE NOEL", ils se joignent à Yomo Toro, l'interprète de "Cuatro puertorriquefio". Les assauts font partie d'une ancienne tradition de Noël où on chante de maison en maison que l'on prend d'assaut. La série humoristiquecanaille continue sur les couvertures des pochettes de disques: cette fois, c'est l'attaque (à main armée) d'un petit sapin de Noël. Sur le deuxième disque, on voit un employé de stationessence menacé par le révolver de Willie et par le poing d'Héctor, tous deux déguisés en Robin des Bois, pendant que Yomo Toro, en Père Noël, tient la recette.
Le volume 1 des "ASSAUTS DE NOEL" sera le disque le plus vendu de l'histoire de Fania, et un rythme de Panama, "La murga" -une composition très actuelle encore- passe toutes les frontières des Caraibes. Les arrangements de Willie Colon sont brillants, tandis que Yomo Toro s'occupe des harmonies avec sa guitare à 4 cordes doubles, avec une sonorité qui rappelle Arsenio Rodriguez (son solo est ce qu'il y a de plus imaginatif jamais enregistré). La guitare, ou plutôt, le tres cubain (guitare à 3 cordes) et le cuatro boricua seront oubliés par la salsa de New York, probablement influencée par la dure concurrence du rock. Il n'y a pas de nouvelle génération de guitaristes; les jeunes méprisent les sonorités anciennes d'Arsenio Rodriguez et, bien que dans la ville résident plusieurs interprètes de tres c bain et de cuatropoiloiicain, chez Fania, le grand représentant de la guitare sera Yomo Toro. Les inclusions postérieures de la guitare électrique de Jorge Santana au cours des importantes réunions de Fania seront une copie insolente des succès et du style de son frère Carlos.
"ELJUICIO" en 1972, les couvertures de pochettes ironiques continuent (cette fois, elle représente une coiffure moche): WiIlie apparaît au banc des accusés; Héctor est juge; le grand chef de Fania, jerry Massuci, sténodactylo et le reste du groupe sont les membres du jury. La farce est maintenant au verso de la couverture sur laquelle apparaissent les vrais juge, jurés et gardes de sécurité, poings liés. Une fois de plus, Héctor élève une chanson à la catégorie de chef d'oeuvre: c'est le cas de "Sofiando despierto" (rêve éveillé).
'@LO MATO" (1973) Willie continue à faire des siennes. La phrase entière est: je vous tue (si vous n'achetezpas ce disq e). Sur la couverture, il menace quelqu'un d'un révolver. Il y a une belle composition qui parle des difficultés d'une rue de San juan de Porto Rico. "Calle luna, calle sol" (rue lune, rue soleil). Cette même année se termine avec le deuxième volume des "ASSAUTS DE NOEL" (1973). il y a un nouveau morceau frappant "La banda", construit avec les mêmes outils que "La Murga", où ils chantent:
para que entren en la bacbata.
C'est ainsi que termine la première grande étape de Willie Colon avec Héctor Lavoe. Willie dissout le groupe et Héctor enregistre en solitaire avec l'aide de Colon, mais sous sa responsabilité. Dans cette première phase, nous pouvons distinguer plusieurs époques:
a) Etablissement du style, du boogaloo à la salsa. 1967-69.
b) Premiers travaux importants. 1970-73.
c) Les assauts de Noël 1971-1973.
A partir de 1975, on trouve des facettes diverses:
a) Willie Colon, producteur et directeur d'autres personnes: Héctor Lavoe, Celia Cruz (voir ces noms), Mon Rivera, La Conspiration ou Ismael Miranda.
b) Avec Rubén Blades, promoteur de la salsa co sciente. 1977-1982 (voir Rubén Blades).
c) Chanteur et directeur d'orchestre.
UN DISQUE BIZARRE:
LE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND
Le boom commercial de la salsa coïncide avec les premiers problèmes d'Héctor Lavoe. Fania essaie de ressembler à Motown (la compagnie qui vendit la soul comme des petits pains au cours des années 60) . Les disques sont planifiés et vendus comme dans une usine. La plupart des artistes se retrouvent avec des arrangements interprétés par un tableau de musiciens bien dressés qui ne savent pas ce qu'ils ont enregistré. De cette façon, Fania, qui monopolise tout, fait des économies tout en lançant sur le marché un tas de chansons qui risquent d'avoir du succès. Dans ce contexte, "THE GOOD, THE BAD, THE UGLY" est une étrange collection de coupures. Il y a Héctor, Yomo et Willie habillés comme des protagonistes d'un spaguetti-western. Ils sont les grandes vedettes de la salsa: au verso de la pochette, on eut les voir ensemble, à cheval, comme les lieutenants de Pancho Villa. Le disque commence par une rum ba flamenca "Toma" dans la ligne de Rosa Morena, continue par un potpou@ de chansons traditionnelles de Porto Rico, une composition brésilienne et termine par "MC2", un morceau instrumental avec guitares électriques. Un répertoire expérimental où n'apparaît pas Héctor Lavoe car toutes ses chansons sont interprétées par Willie Colon. Avant de tirer des conclusions, passons à l'autre versant, encore plus extravagant: Rubén Blades interprète "El cazanguero", une composition propre. Tout le monde se demande : où est Héctor Lavoe? La réponse arrive avec deux importants morceaux du chanteur avec Yomo Toro: "Guaracha" et "Que bien te ves" et un travail expérimental avec guitaresfunky@ "I feel campesino". Vingt ans plus tard, ce qui se passa semble assez clair: la couverture et les photos se préparent pendant que l'orchsestre enregistre aux ordres de Colon. La parodie du film de Sergio Leone "Le gentil, le laid et le méchant" est en couverture. Au moment où tout est prêt, Héctor fait une crise et disparaît. Le verso de la couverture annonce en gros caractères Willie CoIon, Yomo Toro et une promesse à demi-tenue Héctor Lavoe chante. Pas un seul mot de Blades, ni des vocalisations de WiIlie Colôn, qui s'obstine à chanter dans le même registre que Lavoe. Quelques années plus tard, Colon répond à une questien que se posent les fans: Pourquoi tarda-t-il si longtemps à chanter ses propres chansons? Plutôt que de chercher une interprétation évidente (Héctor et Rubén sont bien meilleurs que Colôn), Willie s'explique: 'je ne voulais pas chanter tant que je ne dominais pas bien l'espagnol".
DU TRUAND A LA ""SALSA CONSCIENTE""
Colon se trouve à cette époque dans une position privilégiée et inconfortable. Il passe de vedette indiscutable du Bao à directeur d'orchestre, mais seulement dans les studios d'enregistrement. Il est absolument indispensable pour la Fania All Stars mais, comme ce n'est pas un chanteur, son rôle se limite aux trombones (il a toujours été meilleur musicien que joueur de trombone). Willie n'a plus son chanteur, Héctor Lavoe. Alors il enregistre en 1975 avec Mon Rivera, son prédecesseur portoricain, l'homme qui fit beaucoup de tapage avec les trombones. C'est une solution pour un disque mais Willie en est comme au début de sa carrière en 1966: il a besoin d'un chanteur.
Mais voilà ce qu'il trouve: un Rubén Blades qui a un tas de compositions travaillées pendant des années, dans l'attente d'une opportunité. "METIENDO MANO@' (1977) présente un Rubén Blades mûr dans tous les sens du terme, même dans des boléros comme "Me recordaràs" (tu te rappelleras de moi). Des narrations comme "Pablo Pueblo" ou "Plantaciôn adentro" de Tite Curet annoncent un point de vue différent et inédit sur les bruits de la ville. La salsa consciente est née. L'oeuvre définitive apparaît l'année suivante avec "SIEMBRA" (Semailles), des chansons comme "Plàstico" et "Pedro Navaja". La carrière de Colôn a toujours besoin d'un virage et en 1979, il édite "SOLO" (Seul).
En 1980, il a recours à Ismael Miranda et enregistre de nouveau en solitaire "FANTASMAS" (Fantômes). Inévitablement, l'image de Colon passe à un second plan par rapport à Rubén quand ils enregistrent à nouveau ensemble "CANCIONES DESDE EL SOLAR DE LOS ABURRIDOS" (Chansons du terrain de ceux qui s'ennuient) (1981 . Willie recommence avec Celia Cruz et signe son dernier disque avec Rubén "LAST FIGHT" (1982) qui deviendra la colonne vertébrale du film du même nom.
En 1982, il tente sa chance, une fois encore, en solitaire, avec "CORAZÔN GUERRERO" (Coeur guerrier); cette fois, au répertoire il y a une chanson de Mark Knopfler, le leader des Dire Straits, une chanson de Carole King, une de Chico Buarque et même une de Jacques Brel. Pas une seule chanson des Antilles.
PLUS DE CONCESSIONS-.
DU TEMPS A TUER
La récupération créative a lieu en 1984, avec son meilleur disque en solitaire, "TIEMPO PÀ MATAR" (Du temps à tuer). Peu de temps avant, Colon avait produit un documentaire de trois heures pour la télévision, appelé "LATINOAMERICANO, UNA SOLA CASA" (Latino-américain, une seule maison). Ce rapprochement de Colôn de son milieu naturel, Le Baffio et de ses problèmes, donne:
Fe ando y Sara, juan està m e o juan no trabaja, el tipo està preso
nofumamosya ma buana...
Otra invita estàn p sandolpara Vietnam solicitando por el machismolcontra el comunismo
salencomonoblessoldadoslvuelvenag osymutilados
Con beroismo, tumbar el machismo
Totalpà ada, si al regreso todofi e igual.
Il a mis le doigt sur la plaie et les chansons font mal. Les films sur le Vietnam se sont multipliés, mais on n'y voit pas de latino-américains dans les tranchées. N'y sont-ils pas allés? Il n'y a peut-être eu personne qui ait raconté leur histoire. Après la guerre du Golfe de 1991, Willie Colon explique une triste réalité:"Les latino-américains sont allés au Vietnam et les latino américains ont été les premières victimes américaines de la guerre du Golfe".
Colôn introduit un deuxième refrain plein de consignes: Esperando el momento preciso y abora es cuando es no pierdas tiempo pidiendo pe o, daley t mbale... Mire compadre cômo son las cosas, no Io aguanto m Ôyeme men matando el tiempo no es lo mismo que tiempopà m tar, no seas b to
Es que no bay tiempo para ser indeciso, dale, dale, dale.
Dans "TIEMPO PÀ MATAR", il y a aussi des chansons d'amour et des disputes sur l'infidélité. "CALLEJÔN SIN SALIDA" est un morceau à la structure complexe, rempli de nouveautés (choeur de voix féminines, musique de fanfare, encore Lin magnifique arrangement de trombones, des solos de guitare et, surtout, des paroles qui vont du conflit amoureux à la réflexion sur sa carrière):
y abora q e estoy de malas me gtitan imita Colôn!
Parmi les reproches du choeur féminin, on découvre la faute du personnage:
mefuia ndarporlaplaza dinero en el bolsillo, mirando a las nenas g apas el corazôn seguf, y me vi a metida,
abora tengo que salir, del callejôn sin salida.
Ce disque de Colôn reflète bien sa personnalité, sa voix et un talent subtil dans les tournures linguistiques. Mais ces chansons qui dénoncent la réalité ne passeront pas à la radio, on sait bien que les moyens de communication préfèrent ne pas cultiver l'inquiétude chez leurs auditeurs. Aucun succès non plus pour la chanson "Volô" (elle s'est envolée), ce portrait d'une campagnarde émigrée à New York et prisonnière de la misère. Pas de succès non plus pour l'adaptation du brésilien Chico Buarque "Noche de los enmascarados" (Nuit de carnaval"), ni pour le g aguanco newyorkais "Falta consideraciôn". La chanson qu'écouta toute l'Amérique du Sud fut la composition de Manzanita "Gitana", à laquelle Colôn ajouta un excellent montuno. Curieusement, au moment de l'édition du disque en Espagne (1990), la bonne étoile de Manzanita s'était éteinte, et le guitariste et chanteur gitan dut emprunter des chansons à la salsa pour récupérer son cachet perdu.
PILE OU FACE DE WILLIE EN ESPAGNE
"TOP SECRETS" (1989) est un disque édité en Espagne. De toutes les chansons, la meilleure est une chanson d'Omar AIfarine, "El gran varôn" (Le grand homme), qui raconte l'histoire d'un travesti, Simôn, qui est né pour devenir un homme, comme son papa Andrés, et que sa famille rejette:
palo que nace doblado, jamàs su tronco endereza.
Le refrain a une certaine ambivalence entre machiste et conciliant; pour une fois, les proverbes et les sentences de grandsmères sont en lutte et sous la forme dansable de salsa, se transforment en exorcisme:
Se dejô Ilevarpor Io que dice la gente s padrejamàs le hablô, le abando ôpara siempre... Porfin b bo noticia de dônde su bijo estaba Andrés nunca olvidô el dia de esa triste Ilamada en la sala de n hospital de una extra a enfennedad muilô Simôn,
al enfenno de la cama diez nadie llorô.
Le sida est dans les chansons. Le Spanish Harlem (El Baffio) de New York a le pourcentage le plus élevé de sida des EtatsUnis. Dans les rues de la misère, maintenant il y a la mort à l'horizon. Colon termine sa chanson avec ces paroles contre l'hypocrisie:
el que esté libre depecado que tire la ptimera piedra.
"AMERICAN COLOR" (1990) a été le premier disque édité en Espagne en même temps que la tournée. Colon se présenta avec son groupe Legan Alien, pour faire chauffer l'ambiance à un concert de Fania All Stars. La foule qui alla aux Arènes de Las Ventas de Madrid, eut droit au meilleur répertoire de Colon, bien que très peu de personnes connaissaient des chansons comme "La Murga" ou "Che che colé". Quelque temps après, j'ai rencontré le promoteur du concert indigné parce qu'un journaliste de Barcelone, Miguel jurado, avait écrit dans le journal "El Pais" que Colôn avait bouffé les autres vedettes de Fania. Pourtant, Celia, Cheo Feliciano et les autres ne chantèrent pas mal, mais ils le firent comme d'habitude. Colon, lui, développa tout son répertoire. Le 9 décembre 1992, Willie Colôn revient à Madrid. Une semaine auparavant, l'auteur de ces lignes propose à un journal (qui n'avait pas de spécialiste de salsa), d'écrire un portrait de Colôn, suivi d'un interview et de la critique du concert. Le journaliste, ingénu, tente d'activer les connaissances en salsa du directeur de culture du journal . Colôn? Qui est-ce celui-là? Héctor Lavoe? La salsa co ciente de Rubén Blades? je suppose qu'il refusa, convaincu que le Colôn en question était un chanteur de troisième catégorie. On ne parla du concert de Willie Colôn dans aucun journal. Sur un vieil ordinateur, il y avait le résumé d'un autre fabuleux concert qui fut un échec complet sur le plan économique:
"Nous étions à peine 500, presque tous des habitués de la fête nocturne. Il commença par le répertoire de Lavoe: "Che che colé", "Barrunto", "Calle luna, calle sol". Puis il attaqua l'excellente version de "Gitana" de Manzanita et couronna le tout par "El Cumbachero" de Rafael Hernandez qu'il annonça comme ça: 'Pour qu'on ne croit pas qu'il n'y a que Ve devôrame otra vez (Viens mange-moi encore)' Et là, les trombones résonnèrent avec la violence des coups des champions de boxe latino-américains: sans miséricorde. Willie ne faiblit même pas quand il chanta un boléro à l'eau de rose.". Après le concert, nous fûmes reçus par un Willie Colôn qui s'avouait prêt à changer la musique pour une carrière politique, car les latino-américains sont représentés aux institutions des Etats-Unis.
**"EL MALO" (1967, Fania).
*"THE HUSTLER" (1968, Fania).
*"GUISANDO/DOING A JOB"(1969).
***"COSA NUESTRA" (1969).
'*CRIME PAYS" (1967-69, recop., 1972).
*"THE BIG BREAK. LA GRAN FUGA" (1970).
**ASALTO NAVIDE&O Vol. I" (1971).
*"ELJUICIO" (1972).
*'@LO @TO" (1973).
*"ASALTO NAVIDE@O Vol. II" (1973).
*@'THE GOOD, THE BAD THE UGLY" (1975).
Tous ces titres sont publiés par Fania, et quelques-uns ont été reédités en CD.
*"SE CHAVO EL VENCINDARIO, WILLIE Y MON RIVERA" (Vaya, 1975).
**"ME11ENDO MANO, WILLIE PRESENTA A RUBÉN BLADES" (Fania, 1977, reéd. Manzana).
*"EL BAQUINE DE LOS ANGELITOS NEGROS" (Vaya, 1977).
*"ONLY THEY COULD MADE THIS ALBUM, CELIA Y WILLIE" (Vaya, 1977, reéd. Manzana).
***"SIEMBRA. WILLIE Y RUBÉN BLADES" (Vaya, 1978, Discophon, reéd. Manzana).
"SOLO" (Fania, 1979).
"DOBLE ENERGIA, COLÔN MIRANDA" (Fania, 1980).
"FANTASMAS (Fania, 1980).
**"CANCIONES DEL SOLAR DE LOS ABURRIDOS, WILLIE Y RUBÉE" (Fania, 1981).
"'CELIA Y WILLIE" (Vaya, 1981). *"LAST FIGHT, WIILLIE COLÔN Y RUBÉN BLADES" (Fania, 1982).
"CORAZÔN GUERRERO" (Fania, 1982).
CARIBE, CON SOLEDAD BRACO" (Top Hits, 1982).
VIGILANTE, CON HÉCTOR LAVOE" (Fania, 1983).
"SOPHY EN NUEVA YORK CON EL MEJOR" (Velvet,1983).
***"TIEMPOPÀ MATAR" (Fania, Manzana,1984).
"CRIOLLO"(RCA, 1984).
"ESPECIALNQ 5" (Sonotec,1986).
"SET FIRETO ME" (AM,1986). Maxi destiné aux pistes de danse.
*"CONTRABANDO" (WAC, Messidor, 1986). Edition allemande avec des chansons comme "Especial NI' 5", "Lo que es de juan", ou "Contrabando" qui n'est rien d'autre qu'un mélange de 10 minutes de "Che che colé", "Barrunto", "Te conozco" et "Calle Luna, calle sol", avec des arrangements excellents.
*"THE WINNERS, CELIA Y WILLIE" (Vaya,1987)
**"LEGAL ALIEN TOP SECRETS" (Fania-Manzanal989)
***"SALSA'S BAD BOY" (recop., Fania-Charly, U. K. ). Longue compilation faite au Royaume-Uni qui donne une assez bonne idée (16 compositions) du travail de Willie Colôn avec Héctor Lavoe, Celia Cruz, Rubén Blades, Ismael Miranda, Mon Rivera et de Colôn luimême, comme chanteur à la tête de son groupe.
*"AMERICAN COLOR" (CBS, en Espagne BMG, 1990).
*"HONRA Y CULTURA" (Sony, 1991). Une commande de The New York State Council on the Arts qui a donné lieu à la composition la plus remarquable du disque, "Scandal", chanson faite pour les pistes de danse, avec un rap où l'on peut entendre quelquesuns des cris de guerre de Colôn. Une
ballade de Sting, "Fragilidad", et deux compositions d'Alberto Cortez, chanteur argentin résidant depuis longtemps en Espagne, en font un disque irrégulier.
*"HECHO EN PUERTO RICO" (SONY, 1993). Une grande chanson d'amour "Idilio", avec des trombones qui résonnent formidablement, avec des avertissements contre la drogue, un portrait de quartier à la triste destinée, "Aguij6n", et l'intention de Willie de se retirer pour se lancer dans la politique.
**"TRAS LA TORMENTA. CON RUBÉN BLADES" (Sony, 1995). La candidature de Willie au congrès des Etats-Unis pour l'état de New York n'est pas retenue. Rubén n'arriva pas à la présidence de Panamà. On comprend le dilemme des électeurs. Que faire? perdre deux des plus importants chanteurs de salsa pour gagner deux hommes politiques? Les trois chansons que Willie fait en solitaire sont les meilleures de son répertoire des années 90. Un hommage a Héctor Lavoe et deux compositions d'Amilcar Boscàn, "Caer en gracia" et "Talento de televisiôn". Le bassiste Salvador Cuevas, qui participa à "11EMPO PÀ MATAR", ouvre "Dofia Lele", une chanson dédiée aux bags-ladys de New York.